De temps en temps, une étude est publiée et attire notre attention sur un des aspects de notre vie collective. Il s’agit, aujourd’hui, de la pression exercée par nombre de parents sur leurs enfants en vue de l’amélioration de leurs performances scolaires. Rien que de très normal direz-vous.
Sauf que, à y regarder de plus près, cette vertueuse exigence pourrait perdre de vue deux éléments essentiels de réflexion pour la période de mutation que nous vivons.
Première question : Le monde, dans lequel vivrons nos enfants, sera-t-il semblable à celui dont nous avons tant de mal à faire le deuil ? La priorité sera-t-elle de produire et de consommer ? Les progrès scientifiques et technologiques seront-ils encore assujettis à cette priorité ? Où en serons-nous avec le château de cartes financier ? avec l’épuisement de nombreuses ressources , avec la pollution de beaucoup d’autres ? avec l’injustice sociale ?
Deuxième question : Notre système éducatif n’est-il pas trop en résonance avec le monde que nous quittons ? Ce système donne la place d’honneur au mental au détriment de la sensibilité, de la créativité, de la noblesse du travail manuel et favorise la compétition au lieu de cultiver la coopération.
Baignés dans le matérialisme, et apparemment matérialistes eux-mêmes, nos enfants peuvent-ils se satisfaire du but de vie que nous leur assignons : « Passe ton bac pour t’acheter une voiture, un appart, partir en vacances ! » perspective dont nous savons, en outre, qu’elle est désormais démentie par les faits. Une telle proposition en guise de but (incertain) d’une vie n’est-elle pas de nature à pousser à la fuite dans les drogues, l’alcool, un être jeune, porteur plus ou moins conscient d’une autre dimension ?
En résumé, avec les meilleures intentions du monde, les parents angoissés ne passent-ils pas à côté de la meilleure préparation possible à un destin d’être humain : des savoirs solides au service de son propre dépassement, de ses propres valeurs.
« La méditation pour les enfants » de Bernard Baudoin. Éditions Grancher.