12 août 2014, 20 h.50 : « Gazland » de Josh Fox, sur Arte. 13 août 2014 : nouvelle révélation sur la croissance française. Derrière ces deux faits, un concept essentiel à notre idéologie économique : la création de richesses.
Prenons l’exemple d’un cours d’eau. Dans nos calculs économiques, il compte pour zéro. Qu’il gène le tracé d’une route, on le mettra sous buse. « Grâce » à cette intervention BTP, il apparaîtra dans le PIB (Produit intérieur brut). L’eau douce ne vaut donc rien. Mais dès qu’elle est captée pour distribution/vente – par une collectivité ou une entreprise – elle entre dans la catégorie « création de richesses ». C’est encore plus net lorsqu’il est nécessaire de dépolluer l’eau avant de la vendre. Le summum étant la mise en bouteilles, par le propriétaire (?) de la source et sa commercialisation sous marque.
Les cours d’eau, il en est beaucoup question dans l’excellent « Gazland ». A lui tout seul, ce film nous permet de mesurer l’irréalisme absurde des dogmes économiques. Comment parler de « croissance » sur une planète limitée ? Afin de prolonger le mythe, les compagnies pétrolières cherchent à poursuivre l’épuisement du sous-sol avec les huiles et gaz de schiste. Comment oser parler de « création de richesses » à propos d’un tel acte ? Dans quelle catégorie va-t-on ranger les dommages collatéraux de ce qui parait booster l’économie US aujourd’hui ? Destruction de terre arable, de végétaux, d’animaux. Pollution de l’eau par cocktail de produits chimiques toxiques nécessaire à l’opération. Pollution de l’air par engins et camions. Atteinte à la santé des hommes, des animaux. Atteinte aux ressources, aux biens…
Notre monde pare du titre de « richesses » uniquement les produits sur lesquels l’être humain est intervenu. Il refuse d’admettre que cet enrichissement s’accompagne obligatoirement d’appauvrissement. D’abord nous prélevons. Ensuite, ce que nous rejetons est tellement en déphasage avec le processus naturel qu’il ne peut entrer dans un cycle (hydrocarbures dans la mer, molécules de synthèses…). Une réflexion sur la pertinence de nos productions est à opérer d’urgence. Elle devra s’accompagner du constat du terrible déficit de valeurs Yin* chez les décideurs, déficit que le film dénonce en gros plans.
Que peuvent faire des citoyens lambda ? Remettre en question ce que notre monde veut faire admettre en ce qui concerne l’Économie. Réfléchir à leur propre équipement, à leur organisation, modifier ce qui peut l’être. Rejoindre une association de promotion des initiatives alternatives. Soutenir les associations opposées à l’exploitation du gaz de schiste.
* « Prendre conscience » a l’intention de développer ce thème.
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Initiatives sur tout le territoire : « Carnets de campagne » de Philippe Bertrand, du lundi au vendredi à 12 h.28 sur France inter.