C’est le refrain de tous les chantres du « Tout va très bien, Madame la marquise ! », minimiseurs des dégâts causés à la planète, croyants éperdus dans les progrès de la Science, visionnaires du conservatisme et grands pourfendeurs du principe de précaution.
La culpabilité est le plus stérile des sentiments, nous le savons. Avec ce petit blog, ce n’est pas la culpabilité que nous voulons susciter, mais bien le sens des responsabilités. Un être libre est forcément responsable de ses actes. Or, nous sommes encore libres de choisir. C’est ce qui est répété, dans ce blog, à longueur de chroniques. Nier notre responsabilité, c’est fouler au pied notre dignité.
Une navigatrice solitaire, dont l’exploit de traversée transatlantique reste admirable, n’est pas solitaire du tout dans son dénigrement du principe de précaution. Il suffit de consulter la liste de ses sponsors, entreprises intéressées par notre soumission et candidates au green-washing. L’argument consiste à traiter les partisans du principe de précaution de lâches, qui empêcheraient les hardis entrepreneurs de voguer vers le progrès. Le bon sens rappelle que ce sont les hardis entrepreneurs, jamais freinés dans leur course par la moindre précaution, qui ont pollué l’eau, empoisonné avec les pesticides, les produits chimiques de tous genres et les dérives pharmaceutiques, exterminé des espèces animales et végétales, laissé des montagnes de déchets ainsi que des containers radioactifs en guise d’héritage à nos enfants. Le vrai courage ne serait-il pas de se remettre en question ? de ne pas répéter que « notre façon de vivre n’est pas négociable » ? mais, au contraire, d’inventer une autre façon de vivre moins arrogante, avide et égoïste ?
Dans notre pays, il existe un réseau d’initiatives locales toutes plus créatives et enthousiasmantes les unes que les autres, vers lesquelles nous nous efforçons d’orienter nos lecteurs. Ces initiatives sont le levain de notre avenir, mais comme elles ne sont pas reliées, elles ne constituent pas encore une force. Des impulsions sont données, sur Internet, pour regrouper ceux qui veulent innover, expérimenter, pratiquer une autre façon de vivre. Elles ne soulèvent pas encore les foules, la majorité de nos concitoyens souhaitant, plus ou moins consciemment, que le vieux modèle perdure. Les gouvernants (?), poussés par les multinationales, détournent leur attention des réalités, les bercent d’illusion car « Faut pas culpabiliser (pauv’chéris) ! ». Ce qui prépare des réveils douloureux.
A moins que nous acceptions de nous réveiller maintenant. Ce à quoi nous nous employons ici.