Ils ont proposé leur « concept » à leur chaîne de télévision, qui les suit. C’est déjà ça. Mais c’est quoi leur concept ? « Achetons français ! » Derrière le slogan se profile le spectre de l’effondrement économique et du chômage. Ces professionnels connaissent et aiment leurs fournisseurs agriculteurs. Ils ne veulent pas les voir disparaître et voir disparaître leur savoir faire par la même occasion.
Mais il y a un hic. Les êtres humains que nous sommes agissent par altruisme pour une petite part et par égoïsme pour la plus grande part. Or, comme nous venons de l’exposer dans la chronique « Et je suis fier-er d’être Bourguignon ! » les produits français sont loin d’être irréprochables. Quand Ghislaine Arabian traverse les mers pour « vivre l’enfer » dans une usine à pauvres poulets au Brésil, elle oublie que l’usine bretonne, dont elle redoute la fermeture, est, en plus petit, du même modèle, c’est-à-dire un camp de concentration de volailles, que les consommateurs – ceux des nuggets mis à part – trouveront insipides. La même démonstration peut être opérée pour les tomates.
Le statut de ces vedettes médiatiques de la cuisine les empêche d’aller au bout du raisonnement. C’est « moins mais mieux ! », avec le même budget, qu’il faut promouvoir. Moins de viande (et plus de pois cassés, de lentilles), mais de meilleure qualité. Plus jamais de légumes et de fruits hors saison, mais retour à la variété de la cuisine des quatre saisons.
Ce petit pays qu’est la France pourrait être grand en devenant un exemple. Pour l’alimentation, c’est nous, consommateurs, qui détenons les commandes : notre liste de courses et notre porte-monnaie.