Il faut mettre au crédit de notre espèce le fait que, contrairement à ce que notre société aime croire, elle ne se nourrit pas que de choses matérielles. Les êtres humains, plus encore lorsqu’ils sont jeunes, ont une faim de l’âme. Ils veulent que leur vie ait un sens. Ce que nos chères multinationales préfèrent ignorer, de grands manipulateurs le savent. Et c’est ainsi que, depuis toujours, partout, des armées de jeunes hommes (principalement des hommes) sont levées pour faire n’importe quoi.
Nous chargeons notre Éducation nationale d’une foultitude de tâches qu’elle ne peut assumer. Mais exercer les enfants à la concentration (la méditation) et au discernement devrait être la priorité des priorités. Sans esprit critique, ils sont prêts à tout absorber. Le besoin très humain d’appartenance les pousse a rejoindre le groupe qui va leur fournir ce à quoi ils aspirent. L’appartenance sous-entend l’adhésion. Aucun effort à fournir : le dogme est là, tout prêt. C’est confortable. Quant à l’identification au dogme, c’est l’ego qui s’en charge ! « C’est ma religion qui est la vraie. » veut dire « C’est moi qui ai raison. » « Tu dois suivre les règles de ma foi » signifie « Je veux te dominer ». Lorsqu’ils parlent de Dieu, ces êtres ne parlent-ils pas surtout de leur ego ? Voilà pourquoi les religions, qui devraient relier (l’origine du mot est « religare » qui signifie « relier »), séparent.
Nous n’avons pas mieux dans la société qui est la nôtre. Certes, c’est apparemment moins sanglant, mais c’est souterrainement destructeur. Comme nous l’avons écrit ailleurs*, nous sommes dans une grande secte avec l’argent comme dieu, l’économie comme tables de la loi, la croissance comme vérité première et tous les lieux de consommation comme temple. Les colonnes du temple ont montré quelques fissures. C’est à nous, en mettant un bémol sur notre ego et en activant notre discernement, d’inventer une nouvelle façon de vivre reliés.
- « Il voit des sectes partout ! », article d’octobre 2014, rangé à « Hors-série », « Connaissance »…