Nous sommes bien obligés de remarquer qu’il y a des façons de penser interdites par la pensée unique, avec marquage au fer rouge pour les contrevenants accusés de fermeture d’esprit, de manque d’empathie, voire de fascisme. De crainte de subir ce rejet de la majorité bien pensante, la gymnastique la plus pratiquée consiste à rejoindre le courant dominant et à pratiquer l’auto-censure. Une telle soumission est contraire à l’esprit de ce blog.
Jouer les apprentis sorciers avec la procréation et la gestation est l’une des dérives les plus graves de notre société technoscientifique. Afin de couvrir cette dérive, la pensée unique brandit l’étendard de l’égalité. Avec « pour tous » dans un slogan, on témoigne de la générosité de la démarche. Ceci à côté des SDF et des « en dessous du seuil », dont l’abri « pour tous » ou la nourriture saine « pour tous » ne sont pas revendiqués avec autant de force. L’étrangeté de cette revendication réside dans son objet : le mariage… mais homosexuel. A nos oreilles, le terme pose problème : il ne vient pas à l’idée d’un décorateur, d’un fleuriste de marier le bleu avec le bleu, les jonquilles avec les jonquilles. Car on marie des différences et non des similitudes comme c’est le cas dans cette union. Chacun de nous est digne de respect. Chacun de nous a droit à son intimité en matière de sexe et de préférence sexuelle et personne n’a rien à en dire. L’homosexualité a toujours existé. Des traditions l’expliquent par la nostalgie du corps de sexe opposé dans lequel un être aurait été incarné de façon heureuse. Autre explication, toujours dans l’hypothèse de réincarnations, un être intolérant, dans une précédente incarnation, doit faire l’expérience des difficultés de son homosexualité dans la vie présente. Que deux homosexuels qui s’aiment et vivent ensemble ne puissent bénéficier des mêmes protections légales qu’un couple hétéro est une injustice insupportable. Mais pourquoi ne pas nommer différemment ce qui recouvre une union différente ?
La parentalité « pour tous » complète bien plus dramatiquement la demande de mariage « pour tous » en s’appuyant sur ce que nous n’hésiterons pas à appeler les trafficotages scientifiques liés à la procréation. Elle s’inscrit dans la logique consommatrice de l’époque. Il est permis, pourtant, de se demander pourquoi des êtres – qui revendiquent à juste titre le droit à la différence – rejettent ce qui caractérise cette différence : l’impossibilité de procréation. Contre toute logique, contre nature et en faisant l’impasse sur les droits de l’enfant à naître, surgit un « droit à la parentalité » qui fait des donneurs de sperme ou des donneuses d’ovocites – clairement : les parents biologiques – de simples fournisseurs en vue de la fabrication d’un enfant. Là nous ne sommes plus dans une querelle de vocabulaire, nous sommes dans l’antre de l’apprenti sorcier : celui dont le savoir dénué de sagesse nous mène tout droit à la catastrophe.