C’est ce que nous disons à un ami qui nous parle de ses difficultés et se demande si nous le comprenons. Car la meilleure façon de comprendre la tristesse, le chagrin ou la douleur de l’autre, c’est d’imaginer que ce qui lui arrive nous arrive à nous. c’est ce qu’on appelle l’empathie. L’empathie est l’art d’utiliser notre égocentrisme à des fins altruistes !
Nous comprenons tellement bien que nous ne pouvons rester passif face à la situation. Que pouvons-nous faire pour aider ? Dès que nous avons la réponse, nous agissons.
Nous gardons notre ami avec nous pour le réconforter. Il perd son travail ? Nous faisons le tour de nos relations et des éventuelles opportunités. Il perd son logement ? Nous l’hébergeons. Inondations dans le village voisin ? Nous proposons notre aide. Enfants orphelins ou malades ? Nous songeons à nos propres enfants et envoyons de l’argent à l’association qui nous alerte.
Pour les animaux, notre empathie varie selon leur classification. Ces catégories ont été créées pour éviter de nous attendrir avant de tuer ou de détruire.
Les animaux dits « domestiques » ont droit à notre empathie, laquelle peut devenir névrose et transformer certains humains en maltraitants qui ne respectent pas l’animalité du chien ou du chat dont ils sont responsables. Il serait bien, alors, que ces personnes « se mettent à la place » de l’animal.
Pour les animaux dits « d’élevage » ou apparentés mieux vaut ne pas avoir d’empathie. De nombreuses expressions trahissent notre réussite en ce domaine : « Nous étions parqués comme du bétail. » « Ils m’ont traité comme un chien. » « Nous ne sommes pas des animaux quand même ! », etc. Nous commençons seulement à accepter l’idée qu’un animal est un être sensible, qu’il ressent les choses et souffre. Encouragés par l’industrie de la viande, attachés à nos habitudes alimentaires nous préférons éloigner de notre esprit les images
de poussins passés à la broyeuse, de vaches qui pleurent leur veau et finissent leur vie suppliciées, suspendues à un crochet d’abattoir, de porcelets castrés à vif, posés sur du métal perforé, séparés de leur mère, de canards, de lapins, de poules.. Et si nous
nous mettions un peu plus « à la place » de ces animaux dont nous tuons, en France, 3 millions de sujets par jour ?
Restent les sauvages. Ceux qui nous font peur ou qui nous dérangent. Une solution pratique autant que sage, est de laisser les spécialistes s’en occuper.
Dans votre lavabo une fourmi tente l’escalade des parois pentues et glissantes et retombe au fond. Le réflexe de l’être humain, roi de la création, est de l’écraser. Mais, tout à coup : « Je me mets à ta place ! » Alors vous glissez doucement une feuille de papier vers l’insecte en difficulté, qui s’installe dessus, et vous transportez ainsi la fourmi dans le jardin.