Je m’en veux de doucher ainsi l’enthousiasme de cette jeune femme ravie devant un ciel tout bleu, sans l’ombre d’un nuage, de cette douceur qui nous veut en tenues d’été, de ce soleil de juin alors que nous sommes le 15 février. Je m’en veux, mais « en même temps » je n’en peux plus de notre comportement d’enfants gâtés, tellement sûrs de voir la pluie arroser champs et jardins, sûrs qu’après la pluie « viendra le beau temps ».
Nous avions la chance de vivre en zone tempérée, le luxe de bénéficier de quatre saisons. Quatre ! Je me rappelle ma joie, après un séjour en Afrique du Nord, de retrouver, en septembre, les somptueux feuillages d’automne, le crachin et le vent joueur. Je me rappelle le froid tonique et mordant de l’hiver et, pour nous qui avions la chance, après la guerre, de pouvoir à nouveau chauffer nos maisons, le réconfort apporté par cette chaleur. Je me rappelle les débordements du printemps, l’invasion des bourgeons, l’arrivée des fleurs. Je me rappelle les siestes voluptueuses – même chastes, la paresse permise et encouragée par des records déclarés de températures. Tant d’évènements en une seule année !
Je conçois qu’un être né en Afrique éprouve la même nostalgie à l’envers. Mais la diversité, dont nous parlons tant maintenant, nous la connaissions sans rien faire… avant de tout abimer.
La situation exigerait la réunion au sommet en urgence des chefs de file de tous les pays, conscients enfin de l’état de notre seule précieuse planète et de notre sort si nous persistons dans nos comportements d’abrutis.
Du côté de la mer la brume se lève. Pour tout sauver, il suffirait que nous nous reprenions.
Colette Pince