A épreuve collective, remise en question collective. Voilà qui parait paradoxal en un temps où chacun se claquemure chez soi par nécessité. Mais ce « confinement », comme nous aimons l’appeler, nous oblige à constater combien nous avons besoin les uns des autres.
C’est la santé qui est touchée. Alors, collectivement, nous prenons l’initiative d’applaudir les « personnels de santé » tous les soirs à 20 h. Mais que serions-nous sans nourriture ? D’accord : les supermarchés nous inspirent difficilement de la reconnaissance. Mais leurs employés ? Mais les paysans ? Que les éboueurs ne nous débarrassent pas de nos déchets (y compris les masques et les
lingettes que nous jetons à la poubelle) et nous en mesurerions vite les effets sur notre santé. Songeons à tout ce qui, dans notre vie quotidienne, dépend du travail d’autrui, sans omettre la tenue administrative de notre compte bancaire : l’eau, la lumière, l’énergie, l’information, les transports…
Le système, auquel nous avons eu affaire jusqu’ici, a besoin d’être transformé, mais, comme tous les systèmes, il repose sur l’interdépendance des êtres humains. Au sortir de cette crise, nous pourrions bien éprouver le besoin d’évaluer les professions à partir de leur utilité sociale revue et corrigée.